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Le blog d'electric girl

Interview d'Hein Cooper : un Australien très prometteur #MaMA15

4 Novembre 2015, 07:49am

Publié par electric girl

Interview d'Hein Cooper : un Australien très prometteur #MaMA15

Un peu avant son concert au MaMA Festival, j'ai eu la chance de pouvoir interviewer Hein Cooper, jeune talent Australien à découvrir d'urgence. J'ai réellement adoré son live tout en sensibilité (et sa reprise magistrale de Creep de Radiohead). L'interview s'est faite au petit moulin (là où il jouait ce soir-là) et j'avais oublié mes questions au bureau donc j'ai un peu improvisé, ce qui au final n'était pas plus mal puisqu'on a eu plus une vraie conversation qu'un jeu de questions-réponses :

Electric Girl : Quand es-tu arrivé à Paris ?

Hein Cooper : Je suis ici depuis 3 jours (en français).

EG : Oh ! Tu parles français ?

HC : Un petit peu (en français). J'ai vécu à Montréal et comme on parle français là-bas, j'ai un peu appris. Ils parlent différemment d'ici, en France, mais j'ai quelques bases du coup, je comprends mieux que je ne parle. Et j'aime bien le français et apprendre cette langue.

EG : As-tu eu le temps d'un peu visiter ?

HC : J'ai fait une tournée en France avec Sophie Hunger donc j'ai visité pas mal de villes : Arles, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Strasbourg.

EG : Et ça t'a plu ?

HC : Oui beaucoup.

EG : ça change de l'Australie.

HC : Oui, c'est définitivement très différent mais je trouve ça très intéressant culturellement.

EG : Pour la musique également ?

HC : Oui pour la musique et aussi pour l'architecture, la manière dont les français vivent, la nourriture etc. Il y a une beaucoup plus grande diversité culturelle ici.

EG : Oui, surtout à Paris. Pour en revenir à la musique, comment as-tu commencé à chanter et à faire de la guitare ?

HC : J'ai commencé à jouer de la guitare au lycée à 14 ans parce que j'ai de mes meilleurs amis qui est très compétitif et du coup il s'est installé entre nous une vraie rivalité depuis des années. Et il a commencé à apprendre à jouer de la guitare et je voulais être meilleur que lui donc j'ai commencé à apprendre. Ma mère m'a acheté une guitare pour $50 ou quelque chose comme ça. Une guitare pas terrible mais j'adorais apprendre à en jouer. Et au final ça a arrêté d'être quelque chose de compétitif entre lui et moi pour devenir quelque chose que j'adore faire. Il a arrêté de jouer et j'ai continué jusqu'à faire mes propres titres.

EG : Donc c'est une sorte d'heureuse coïncidence qui t'a amené à faire de la musique.

HC : Exactement.

EG : Et avant tes 14 ans, tu n'avais jamais envisagé de faire de la musique ?

HC : Non, j'étais plus branché surf comme beaucoup de jeunes en Australie. J'adorais écouter de la musique mais je n'avais jamais pensé à en faire jusqu'à ce moment.

EG : Et au départ faisais-tu des reprises ou as-tu rapidement jouer tes propres compositions ?

HC : J'ai commencé par faire des reprises de Jack Johnson parce que c'est un artiste que j'adorais quand j'étais plus jeune. Et environ un an après, je me suis rendu compte que je n'étais pas satisfait de jouer seulement de la guitare donc j'ai commencé à chanter, mais toujours pas mes propres morceaux. Et 6 mois après, je n'étais plus satisfait de reprendre les chansons des autres du coup j'ai commencé à écrire en réutilisant ce que j'avais appris dans les chansons de Jack Johnson ou d'Angus & Julia Stone. Le 1er EP que j'ai enregistré à 18 ans sonne exactement comme du Angus & Julia Stone parce que j'adorais leur musique à cette époque.

EG : Et maintenant tu n'aimes plus ce qu'ils font ?

HC : J'aime moins, je n'écoute plus leur musique.

EG : Qu'est-ce que tu écoutes alors ?

HC : Maintenant j'écoute principalement City and Color, Ben Howard, Radiohead (dont il a repris Creep le soir même), James Blake, Beck, Bon Iver et beaucoup d'autres, trop pour tous les citer. Mais ce sont mes influences principales.

EG : Qu'est-ce qui t'inspire quand tu composes ?

HC : Je suis surtout inspiré par la nature. Beaucoup de mes titres parlent de ma connexion avec la nature parce que j'ai grandi dans un endroit plutôt isolé à la campagne où j'étais entouré par la nature. J'y ai vécu jusqu'à mes 18 ans (et après je suis allé finir mes études à Sydney). Et à Sydney, j'ai commencé à expérimenter plus de choses, à avoir une vie un peu plus "sauvage" donc j'ai été davantage inspiré par les relations humaines et mes expériences en tant qu'adulte (grandir et toutes les choses stupides qu'on fait, l'amour, la haine, la colère, la jalousie, etc). Je pense que c'est ce qui inspire ma musique actuelle.

Interview d'Hein Cooper : un Australien très prometteur #MaMA15

EG : A Montréal tu étais moins entouré par la nature qu'en Australie. Est-ce que c'est ce qui t'a aidé à faire cette transition dans ce qui t'inspire ?

HC : En partie. La chose qui m'a le plus plu lorsque je composais à Montréal était que j'étais seul. Je n'avais pas d'ami ni de famille là-bas. Je veux dire, j'y enregistrais et j'avais mon producteur qui est un ami et mon manager mais pas d'autres amis en dehors du cadre professionnel. Je voulais être seul pour enregistrer mon album pour pouvoir me concentrer et rentrer pleinement dans mon monde. Et j'ai l'impression que beaucoup de personne vivent à Montréal à cause de ça comme si c'était une sorte d'échappatoire.

EG : Comme dans beaucoup de grandes villes finalement, non ? Parce que même à Paris, si on n'est pas parisien et qu'on vient de déménager à Paris, on ne connait pas grand monde.

HC : Oui, bien sûr. Et j'avais besoin d'un endroit spécial rien qu'à moi pour me concentrer sur la composition.

EG : Et penses-tu que même actuellement pour composer un album tu dois t'isoler, être dans une ville où tu ne connais personne ?

HC : Oui parce que je me laisse trop distraire par le monde sinon.

EG : De la procrastination ?

HC : Non, ce n'est pas vraiment ça. C'est plus que je ne pense pas que j'aurais le temps de m'intéresser à la composition quand je suis très entouré. Et parce que je n'aurais pas de recul sur ma vie vu que je suis entrain de la vivre. Donc je préfère vivre ma vie puis m'isoler et y penser, étudier mon ressentit, et j'ai besoin de faire ça seul.

EG : Et ce n'est pas difficile de te retirer totalement du monde qui t'entoure ?

HC : Maintenant si c'est plus compliqué avec la tournée. Je vais prendre du temps pour moi après la tournée pour pouvoir me mettre à composer de mon côté. Mais j'ai déjà enregistré un album à Montréal qui sortira l'année prochaine donc j'ai un peu de temps devant moi.

EG : Et cet album a été enregistré en même temps que l'EP ?

HC : Oui mais on n'a repris que quelques chansons de l'EP sur l'album.

EG : Tu joues ce soir dans le cadre du MaMa Festival. Est-ce qu'il y a un artiste que tu aimerais voir sur scène ? Je ne sais pas si tu as eu le temps de voir la programmation ?

HC : Non, je n'ai vraiment pas eu le temps. Est-ce que Jeanne Added y joue ?

EG : Pas à ma connaissance. Mais elle joue souvent à Paris.

HC : Dommage parce que j'aurais bien voulu la revoir en live. Je l'ai déjà vu à Montréal et j'avais beaucoup aimé.

EG : Et c'est une artiste avec qui tu aimerais collaborer ou tu pense que vos styles sont trop différents ?

HC : Je ne connais pas assez bien sa musique pour le moment pour le savoir. Je suis curieux de ce qu'elle fait mais sans la connaître suffisamment pour savoir s'il est possible qu'on collabore.

EG : Et y a-t'il un artiste avec qui tu rêverais de collaborer ?

HC : J'aime beaucoup le hip hop et j'aimerais écrire une chanson avec un rappeur. Je ne rapperais pas, je chanterais mais accompagné par un rappeur et dans un registre pas du tout pop ou folk. Je n'ai pas encore trouvé le rappeur avec qui je voudrais collaborer mais j'aimerais travailler avec un rappeur sur un titre et j'aimerais aussi travailler avec un producteur très progressif qui fait de la musique électro et apporter ma voix au projet pour voir ce que ça donne.

EG : Et tu rappes un peu ?

HC : Non, pas du tout. Mais je peux toujours essayer (rires).

EG : Et tout à l'heure tu parlais d'Angus & Julia Stone. Est-ce que tu ressens un sentiment d'appartenance à cette scène pop/folk Australienne ?

HC : Oui, bien sûr car Angus Stone a été une énorme inspiration à mes débuts, vers mes 18 ans, avec Down the way et l'album qui le précédait d'Angus.

EG : Donc tu préfères les albums solos d'Angus ?

HC : Pas de commentaire (rires). J'ai définitivement l'impression que quand j'ai commencé à faire de la musique et à écrire des chansons j'étais proche de leur musique et j'ai évolué vers un son plus proche de mes goûts. Je ne veux pas être catégorisé comme un "artiste folk Australien" parce que c'est un de mes aspects mais je trouve qu'en tant qu'artiste je suis très ouvert à divers styles musicaux, par exemple le hip hop ou l'électro comme je te le disais, et j'aime explorer des genres musicaux très différents.

EG : Alors qu'Angus & Julia Stones restent dans le même registre musical.

HC : Oui, tout comme Jack Johnson et les autres. Je préfère mélanger les styles. Dans mon Ep, le 2nd titre, The Real, est très électro. Et il vient juste après un titre acoustique guitare/voix. Je suis très curieux de découvrir et exploiter des genres musicaux différents.

EG : Et penses-tu que le fait qu'Angus & Julia Stones soient très connus en France peut t'aider à y faire carrière ? Qu'ils ont en quelque sorte ouvert la voie aux artistes Australiens ?

HC : Non par vraiment, je suis venu en France parce que j'ai réalisé à Montréal que mon style de musique était adapté aux goûts français (les mélodies, ma voix, les arrangements : j'ai l'impression que c'est ce que beaucoup aiment ici) et je n'avais songé à cela avant, je n'avais aucune idée qu'ils étaient populaires en France. Ici on aime beaucoup les belles mélodies, les beaux textes. Et j'ai l'impression d'avoir ma place ici.

EG : Et penses-tu que le public français est plus ouvert d'esprit qu'en Australie ?

HC : Oui, en Australie la majorité de la population ne va voir en live que des artistes qui sont connus, qui passent à la radio etc. Donc ça peut-être un peu difficile de commencer là-bas. après, je pense qu'on a des choses positives et négatives dans les deux pays.

EG : Surement. Et quels sont tes futurs projets ?

HC : Je finis là ma tournée française et après je vais tourner en Australie. Et je vais sortir l'album début 2016 donc pas mal de dates, de promotions, etc -et je reviendrai jouer en France l'année prochaine. Mais après ma tournée je compte m'isoler de nouveau pour composer. J'écris tout le temps mais je me concentre vraiment sur l'écriture seulement quand je suis seul. C'est compliqué d'être focalisé dessus en tournée. Si j'ai des idées, des choses qui m'inspirent je les note comme ça quand je me poserai pour écrire ça me reviendra et je pourrai continuer à exploiter ces pistes.

EG : Merci beaucoup pour cette interview. Est-ce que tu as quelque chose à rajouter ?

HC : Je suis très content d'être ici, en France, à Paris (en français).

Un grand merci à Hein Cooper et à Louis de Chakalaka et Naïve pour avoir organisé cette interview !

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