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Le blog d'electric girl

Mon interview de Shanka de The Dukes

20 Mai 2014, 03:43am

Publié par electric girl

http://www.artemedia.ws/wp-content/uploads/2014/04/THE-DUKES.jpg 

The Dukes est un groupe indie-rock basé entre Bruxelles et Paris créé par Shanka et Greg Jacks.

Leur 1er album Victory avait attiré l'attention du milieu par son mélange de rock noisy, de pop et de blues et de par son processus de production assez inhabituel pour un groupe français : enregistré en Suède et mixé à Bruxelles.

 

Après 2 ans de tournée en Europe (notamment en support de The subways), la question d'une sortie d'un 2nd LP se pose. Ils décident alors d'aller encore explorer le monde en enregistrant à L.A. avec Jamie Candiloro (REM, Courtney Love et Ryan Adams) accompagnés par Steven Galtera à la basse.

 

Ils vont sortir un nouvel LP, smoke against the beat, le 16 juin prochain. Un Lp de 12 titres combinant puissance hypnotique, poésie brute et électrique et synthés analogiques 70's. Leurs inspirations sont variées : Daniel Johnston, Son House, the Gun Club, QOTSA, the Stooges, etc.

 

J'ai eu l'occasion d'interviewer Shanka (le chanteur et guitariste du groupe aussi créateur de Shanka leur mascotte) (au départ ce devait être par phoner mais finalement ça s'est fait par mail car je n'avais pas beaucoup de temps à ce moment-là) :

 

-Quand avez-vous commencé la musique ?

J'ai fait quelques années au piano étant petit, on ne peut pas dire que c'est cela qui a été déterminant. A vrai dire, c'était assez rébarbatif et cela n'a pas déclenché ma passion pour la musique, je n'ai pas accroché du tout aux méthodes "classiques" d'apprentissage. Par contre, ayant la chance d'avoir un grand frère qui a 10 ans de plus que moi, j'ai été sensibilisé au rock très tôt : Depeche Mode, Dire Straits, AC/DC, Sisters of Mercy, Tears for Fears… Par ailleurs mes parents écoutaient pas mal de folk. J'ai commencé la guitare à 14 ans, en prenant quelques cours puis en grande partie en autodidacte. A l'époque, j'étais un dingue d'Angus Young! Le blues a toujours également eu une grande place dans mes influences, encore ajourd'hui c'est une des composantes essentielles de mon jeu, même si ça a évolué vers des techniques de jeu un peu plus particulières. Mais ce qui m'intéresse aujourd'hui plus que tout c'est le songwriting même si mon côté "geek" de la guitare n'est jamais très loin...

 

-Quel est votre premier souvenir musical ? (1er CD acheté, 1er concert ou autre)

Mon premier concert, ça a été Scorpions à Amnéville, avec Duff McKagan en première partie. Avec le recul, le show était un peu kitsch, mais malgré tout une grand messe rock'n'roll qui m'a marqué! L'autre concert qui m'a retourné le cerveau, ce fut AC/DC en plein air au zénith de Nancy. Les gros titres dans la presse locale le lendemain ne parlaient que des canons de "For those about to Rock", qu'on aurait entendu dans toute la Lorraine… Les gens ont dû croire qu'ils étaient envahis à nouveau!! Ce côté gigantesque et presque religieux, ça m'a laissé un souvenir très fort. Par ailleurs, mon premier CD fut reçu à Noël quand j'avais 8 ans, c'était "What's in a world" des Christians. J'avais probablement vu ça à la télé après le club Dorothée. Rien de très captivant, mais je l'ai réécouté récemment, ça reste un bon disque même si la production a un peu vieilli.

 

http://canyouhear.fr/wp-content/uploads/2014/05/The-Dukes-2.bmp

 

-Comment et quand avez-vous voulu devenir musiciens ?

Je crois que le véritable déclencheur ça a été le fait que je gagne un concours de guitaristes en 1999, organisé par la marque IBANEZ au niveau national. Ayant réussi à convaincre un jury, ça a fait germer l'idée de tenter ma chance et de voir jusqu'où je pourrais aller dans ce milieu. Avant cela, je n'y pensais même pas : n'ayant aucun artiste dans ma famille, je ne pensais même pas cela possible. Je suis donc parti pour Paris où de fil en aiguille et à force de travail je me suis fait une place dans cet univers très fermé… Honnêtement, je ne pensais pas tenir 2 mois. Ca fait plus de dix ans que ça dure et même si le métier devient de plus en plus compliqué, je ne me vois pas faire autre chose.

 

-Comment s'est faite votre rencontre et comment vous est venue l'idée de faire un groupe ?

Nous nous sommes rencontrés au moment de la reformation de No One is Innocent en 2004, nous étions tous les deux des "nouveaux". Il m'a impressionné tout de suite quand il m'a dit qu'il avait joué quelque temps avec Ahmet Zappa (fils de Frank) aux USA! Par ailleurs, le courant est super bien passé dès les premières minutes, je m'ensouviens comme si c'était hier. Aujourd'hui, on est un peu comme tic et tac, inséparables! On est de la même génération, on a grandi avec Soundgarden, Nirvana, Fugazi… On a eu toujours quelque chose de très positif autant qu'animal quand on joue ensemble. Quand Greg m'a appelé pour monter "le projet dont on rêvait", je n'ai pas hésité une seconde. Trois mois après, on était en Suède pour enregistrer le premier album! Là où on se retrouve beaucoup, outre les affinités humaines et artistiques, c'est que nous sommes des gens qui font ce qu'ils disent et qui voient les choses en grand. Ce qui est rare en ce moment où les groupes splittent après leur premier EP 90% du temps...


 

-Pourquoi avoir choisi ce nom de groupe ?

A la base, le projet devait s'appeler The Heist, mais Greg m'a fait remarqué que le titre de la chanson "The Dukes" présente sur le premier album ferait un super nom de groupe. Et il avait raison! Ceci dit, ladite chanson n'est pas du tout un quelconque manifeste royaliste, elle traite plutôt des mauvais côtés de la jeunesse dorée parisienne qui m'ont toujours irrité au plus haut point.

 

-Est-ce votre 1er groupe ?

Oh que non! Si on ne compte pas les groupes de lycée et les "plans d'un soir", j'ai joué dans 6 groupes depuis mon arrivée à Paris. L'aventure qui a fait le plus long feu fut No One is Innocent, avec lesquels j'ai fait trois albums studio, un album live et un dvd live. Actuellement je joue, outre The Dukes, dans deux autres projets : France de Griessen et The Holmes (basé en Belgique).

 

-Quelles sont vos principales influences musicales ? Avez-vous remarqué une évolution notable de vos influences depuis le début du groupe ?

J'ai des influences très diverses. Mon ADN est celui d'un punk et d'un bluesman. Comme le disent si bien les Bellrays, "Blues is the teacher, punk is the preacher"… J'ai un véritable attachement à l'approche pop des groupes indés des années 90, comme Weezer, Nadasurf, Nirvana… La science de l'écriture de chansons est un domaine complexe et exigeant. En ce sens, je me suis également beaucoup intéressé aux racines du blues et de la country, de Mississipi John Hurt à SOn House, jusqu'à Merle Haggard, Patsy Cline, Kris Kristofferson, Willie Nelson et consorts. Mais je suis toujours charmé par des groupes aussi divers que Future of The Left, Tinariwen, The Subways, The Subs… Pour ce deuxième album, les influences sont moins pop que sur le premier. On a plus cherché à retrouver le "raw power" de groupes comme The Gun Club ou The Stooges, tout en modernisant la démarche.

 

-Avez-vous eu un coup de cœur musical récemment ? Si oui, lequel ?

Je vous conseille d'ailleurs de jeter une oreille au dernier album de France, "Saint Sebastien", auquel je suis particulièrement fier d'avoir participé. Je me retrouve à 100% dans son univers qui se situe entre PJ Harvey, Archive, Hole…

 

http://www.lemediateaseur.fr/wp-content/uploads/2011/11/the-dukes-victory-cover1.jpg

 

-Victory, votre 1er album, vous a fait rapidement remarquer. Comment avez-vous vécu cela et réussi à sortir un LP malgré le fait que les fans et les critiques pouvaient vous attendre au tournant ?

L'inconscience je suppose? Faire aboutir un projet musical aujourd'hui, surtout s'il ne s'inscrit pas dans la mode du moment, relève du chemin de croix. Mais on a tous un petit Jésus en nous… Alors on y va, on travaille, on se bat, et on finit par y arriver. On se considère comme chanceux d'arriver à survuvre dans une industrie en pleine débandade, tout en conservant une indépendance totale. C'est vraiment précieux, même si on peut dire que ça se mérite. Dans tous les cas, ça nous a vraiment galvanisés de voir que les retours sur le premier disque étaient hyper positifs. A vrai dire, on a eu l'impression que notre démarche artistique à mi-chemin entre plein de styles avec une identité rock très forte remplissait un vide que beaucoup de gens attendaient de voir combler. Dans tous les cas, que notre impression soit la bonne ou pas, c'est clairement super encourageant.

-L'écriture et l'enregistrement de cet LP se sont faits différemment de l'écriture et l'enregistrement de Victory ? Cela a-t-il été plus laborieux ou au contraire est-ce que cela s'est fait plus facilement ?

Franchement, en six mois l'album était composé et l'enregistrement a duré une dizaine de jours. Nous avons la chance de très bien nous entendre et de savoir assez précisément ce qu'on veut, donc le processus est rapide. C'est après que ça devient plus compliqué quand il faut trouver les partenaires pour le sortir dans de bonnes conditions! 


 

-Quel titre du LP préférez-vous en version studio ? Et lequel préférez-vous jouer en live ?

Je crois que mon titre préféré sur disque est Smoke Against the Beat. Ensuite viennent probablement Daisy's Eyes et Just in Case. Mais je manque de recul, je les entendues un million de fois… Sur scène, bizarrement mon choix serait le même! En particulier Daisy's Eyes qui est super agréable à chanter.


 

-L'univers d'un groupe est de plus en plus important pour un groupe, est-ce pour cela que vous avez créé Smoki ? Comment l'idée de ce personnage vous est-elle venue ?

Je voulais réaliser moi-même l'artwork de l'album afin que ça soit très personnel. Le personnage de Smoki est né lors des premiers dessins du clip en animation de Grey People, on l'a tout de suite trouvé attachant! De cela a découlé énormément de choses : des figurines d'animation, des masques, des vidéos pour le live… Ca n'était pas calculé, disons que nous avons simplement suivi le fil d'Ariane dans la boîte de Pandore. Et on n'a pas regretté puisque tout cela a clairement renforcé la personnalité du groupe. De plus, c'est vraiment fun à faire!


 

-Quels sont vos futurs projets : concerts, promo, collaborations, écriture pour un nouvel album, projets solos ?

Nous allons jouer dans pas mal de festivals cet été, la liste est sur notre site www.thedukesmusic.com. On attaquera les clubs à la rentrée, ainsi que les concerts à l'étranger (Allemagne, Autriche, Benelux, Scandinavie…). Bref, une belle aventure en perspective...


 

-Rêvez-vous de faire une collaboration avec un artiste en particulier ?

J'adorerais enregistrer le prochain album avec Alain Johannes (réalisateur et musicien basé à L.A.). J'ai eu la chance de le rencontrer dans sa maison-studio, c'est un type incroyable. Par ailleurs, il y a plein de musiciens avec qui j'aimerais collaborer tôt ou tard : Bob Log III, Jordi Savall, Jack White, Deadmau5, les musiciens de Tinariwen… On verra ça pour le prochain album!               


Encore un grand merci à Shanka et à l'agence Ephélide :)

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